Publié le 10 septembre 2025
Depuis plusieurs saisons, le Centre d'Expression et de Créativité Ateliers'Bis propose un atelier théâtre pas tout à fait comme les autres à destination des ados. Un atelier collectif pour penser les urgences du monde et ce qui préoccupe la jeune génération. Les participants et participantes y explorent des techniques de jeu et de narration, tout en se découvrant un pouvoir de transformation à travers la poésie, l'humour et la force du collectif.
En juin dernier, le groupe et les artistes qui les accompagnent ont accepté notre présence lors du debriefing de fin de cycle. Un temps d'échange intime et essentiel pour observer ce qui a évolué entre eux – et en eux – depuis le début de l'année. Un temps pour échanger autour des obstacles que l'on imaginait, des surprises sur soi-même et des compétences acquises.
D'emblée le ton est donné : Charlotte, « Au début, j'avais peur d'être jugée par les autres mais aujourd'hui, je me rends compte que nous sommes toutes et tous ici pour la même raison... Par exemple, au premier atelier, il fallait danser. Cela me gênait devant les autres. Aujourd'hui, je ne sais toujours pas danser (rires) mais je ne suis plus du tout gênée. Dans la vie de tous les jours, cela me sert... ». Lucille : « Pareil pour moi. Par exemple, quand je pars en colonie de vacances, j'ose faire le premier pas et aller vers les autres et même me faire des amis. Ce n'était pas le cas avant. » Toutes et tous témoignent dans le même sens.
En même temps que leur émancipation s'affirme progressivement au fil de la saison, se dessine les contours d'un regard critique sur le monde qui les entoure.
En même temps que leur émancipation s'affirme progressivement au fil de la saison, se dessine les contours d'un regard critique sur le monde qui les entoure. C'est palpable lorsque le groupe revient sur les scènes que chacun, chacune, a joué la semaine précédente face à une poignée de personnes de l'entourage immédiat. Des textes écrits par les jeunes interprètes, lus ou joués, comme autant de réflexions piquantes sur la société : d'une plaidoirie masculiniste d'un avocat qui défend un abuseur à une influenceuse beauté qui donne sa recette du botox maison, en passant par un discours d'enterrement en plein génocide ou encore la prise de parole publique d’un homme, vieux en colère, face à l'augmentation du coût de la vie et celle de ce père de famille revendiquant son droit au logement...
« Chaque présentation n'était pas exclusivement individuelle, elle s'accompagnait en effet d'un travail de chœur. Il y avait un acte collectif pour porter le discours de chaque personne » ajoute la metteuse en scène Edith Van Malder qui co-anime l'atelier. « Cela pouvait être le rôle des jurés, des manifestants, les followers sur leurs téléphones... ». « Il était beaucoup question d'apprendre à se coordonner » ajoute Naser qui a rejoint le groupe cette année, lui dont le prénom prédestiné signifie « celui qui aide ».
Se positionner en réel soutien à celle ou celui qui donne à entendre son texte, voilà qui fait à nouveau partie de l'apprentissage de l'atelier durant cette saison 2025-2026 qui débute aujourd'hui et dont le fil rouge est Le pouvoir du collectif. Il est co-animé par Edith Van Malder et Adrian Diaz de la Compagnie Théâtre Cœur de Terre. Il reste quelques places !
Texte et photos : Jean-François Flamey / CCN