Flo

Lucile Marmignon nous entraîne dans une enquête palpitante au coeur des récits perdus et des voix étouffées : Flo est la recherche d’une actrice profitant du théâtre pour tenter de redonner chair et voix aux fantômes oubliés – ou déformés – de son histoire. Voici une plongée à travers le monde des morts qui auraient à redire sur la façon dont on se souvient d’elles et d’eux.

Il était une fois un père, une mère – Flo – deux filles, une télévision, un chat et la fenêtre du salon donnant sur l’immensité du béton s’étendant à perte de vue. Seulement, alors qu’on venait de commencer, Flo doit mourir et laisser la suite de l’histoire se jouer, sans elle : le père sombre, le juge intervient, les petites sont placées. Rideau.

Mais que se passe-t-il quand les morts refusent de se taire ou ne sont pas d’accord avec la fable construite ? Imaginons que Flo ne sorte pas du récit et reste sur scène, dans le corps de son actrice de fille, pour raconter une histoire différente… Guidée par le travail d’historiens, d’historiennes et de philosophes, Lucile Marmignon plonge dans les archives publiques et les souvenirs familiaux, redonnant vie aux personnages anonymes ou dérisoires, ainsi qu’à leurs possibles bafoués.

Cette quête est aussi un acte de jeu où l’actrice devient le médium par lequel les morts s’expriment et incarne, à elle seule, une galerie de personnages en convoquant le geste, les mots et la formidable puissance de l’imaginaire.

De la mémoire individuelle à la mémoire collective, Flo est une fascinante réflexion sur la manière dont nous construisons nos récits, sur la possibilité du théâtre de réécrire l’histoire avec celles et ceux qui en ont été exclus.

En jonglant avec son enquête familiale, Lucile Marmignon nous emmène d’un appartement à la vie joyeuse à un bar peuplé de personnages hauts en couleur, d’un tribunal au juge imposant aux couloirs oubliés des archives publiques… Seule en scène, elle incarne tous les personnages avec une facilité et une dextérité fascinantes :

Pour passer d’un personnage à l’autre, je m’inspire de toute une tradition d’acteurs-conteurs-créateurs. Aussi, la proximité avec le jeu physique et clownesque (même si je ne pratique pas le clown dans ma profession) permet (du moins je l’espère !) une certaine virtuosité pour passer d’une caractéristique à une autre, d’un geste à un autre. 
Lucile Marmignon